NOS LIVE REPORTS - CONCERT SANGDRAGON + LES ENFANTS DE DAGON + DEOS - LES TRIPLETTES SOCIAL CLUB (01)
- Laurent Wilb
- 9 avr.
- 4 min de lecture
en partenariat avec le Petit Salon du Metal et Splintering Booking Agency
Le printemps était là, dans le Bugey, signe avant coureur d’une soirée chaude, brutale (musicalement parlant), et passionnante, ne restaient que les hirondelles, pour parfaire le tableau ?
Trois groupes de qualité, régionaux, se sont faits les porteurs de messages metalleux, bien diversifiés, riches et applaudis. Voire plus, la bande de jeunes (par rapport à votre méconnu rédacteur) au pied de la scène, s’est fait plaisir. En menant de sacrés « circle pit », qui ressemblaient à certains moments à des luttes tribales. Enfin je crois… Ou des batailles (pas) rangées ? Le reste du public, bien présent ce soir, étant moins, démonstratif, certes, mais bien réceptif aux « assauts » des groupes.
Le décor planté, il nous (me) restait qu’à tenter une véritable plongée, sans scaphandre, ni bouteille d’oxygène. En apnée, façon « Grand Bleu » à la Jacques Mayol, dans un monde, sombre, ténébreux, aux charmes vénéneux, mais ô combien mystérieux : LE metal extrême. Allais-je rencontrer le diable ? Ses anges de l’enfer ?
Ce report sera d’abord un tribute à la lumière. Reine d’un soir, synonyme d’ambiances variées, tant dans les rouges, que les violets pourpres, aux touches, presque diaphanes, de certains effets, notamment pour «Les Enfants de Dagon». A chaque groupe son identité colorée, qui s’accorde avec la thématique choisie, évidemment. Commencer par la lumière, une part de ce report (comme les autres d’ailleurs) c’est le passer au filtre de mon objectif. De mon œil. De mes oreilles. Puis de ma plume aussi, normal, me direz-vous. La lumière, les lumières sont des éléments importants pour la réussite d’un concert. «Post Tenebris Lux», et si c’était le contraire ? Satan ne me contredira pas, ce soir. J’espère ne pas terminer aux enfers ?
Si la lumière est bonne, il doit en être autant pour le son : ce soir, pas celui des ides de Mars, il était bon (aussi).
Deos-Légio, que je découvre pour la première fois, nous délivre son death metal brutal. Il l’est vraiment, tant les musiciens se donnent à fond durant leur set. Avec passion me confiera « en off », un des musiciens. Et çà se voit, s’entend. Quelle pêche ! Si je commence à donner des bons points, je n’en finirai pas. Tant, Deos-Légio, a sorti les équipements de légionnaires, (et de musiques), pas les rames (de galères) pour délivrer un set d’ouverture puissant, échevelé. Dix titres, qui, sur leur set list, sont numérotés en…chiffres romains. Un détail qui tue ? Au contraire il signifie beaucoup. LA passion, la précision. Encore et toujours. Le goût de l’orfèvrerie artistique. Bon çà va, j’ai touché 10% du cachet du groupe. La corruption, mes amis…Ah, ah, ah… Nos quatre légionnaires de musiciens, donnant, un assaut (vraiment) brutal avec une sélection de morceaux de leurs trois albums : du plus ancien, «Ghost of the Empire», (MMXV), en passant par «In Nomine Romae» (MMXVII) et enfin le dernier « Furor Belli» (MMXXII). Une cohérence de choix, en live, même si les années ont passé.
Je m’autorise, c’est rare, à une mention spéciale au frontman, Jack, qui a déménagé, suant sang (presque) et eaux, le (Black?) Jack est doté d’une puissance vocale, qui n’a rien à envier à sa puissance athlétique ; et une petite touche d’humour «so roman». J’adooore. Et je n’ai pas été le seul ! Je vais me faire haïr des autres membres du groupe. Un frontman doit être un frontman (!), et l’assumer. Et être associé à des musiciens qui, eux aussi, assument et assurent. C’est dit. Anecdote : Obélix était présent dans la fosse…
« Ave Deos-Legio », sans rancune, vous avez fait le job ! En latin cela donne « vous avez fait le job », google trad a planté. En bon romains on se comprend. Stay roman.



Sans transition ou presque, « Les Enfants de Dagon » prennent possession (ce n’est pas un jeu de mots) de la scène. Le tunnel du temps a été franchi. De l’Empire Romain, passage vers le début du XXème siècle avec Lovecraft, qui a inventé l’Ordre Esotérique de Dagon (OED), culte créé par le Capitaine Obed Marsh à Innsmouth (ville fictive) utilisant les pratiques apprises par les habitants d’une île…
Cette histoire est la base de la réflexion artistique des « Enfants de Dagon » de leur premier album « De profundis » (2022) évoque une histoire dans les années vingt.
Le live, véritable rituel, magique aux ambiances variées, autant musicales, avec un son lourd et angoissant, qu’une orchestration ténébreuse. Des chants gutturaux, ensemencent l’ensemble, d’autres ressemblant aux chants féminins traditionnels arméniens du Monastère de Gherart. Corrélation surprenante au demeurant ? Chacun(e) pouvant trouver des ressemblances avec ce qu’il (elle) connaît. Alchimie divine envoûtante, ésotérique (donc). Universelle. Intemporelle. Un T-rex s’invitant à la cérémonie !
Le rituel se poursuit au fil des minutes, avec une scénographie, léchée avec un rythme qui ne lâche pas l’audience. Grimoire, capes, encensoirs, lampe. Le maître de cérémonies capte l’attention. Il ne reste qu’aux Enfants de Dagon qu’à conclure lors d’un final, « lovecraftien » de toute ténébreuse beauté.
La tête d’affiche, Sangdragon, avec une heure de retard (indépendante de sa volonté) jouera devant un public un peu plus clairsemé, fidèle et toujours à l’écoute et participatif.



Pionniers du Black Metal épique, occulte et symphonique… Sangdragon est le troisième volet de la trilogie créée au début des années 1990 par Lord V. Akhenaton (Vincent Urbain).
Leur présence aux Triplettes était à elle seule un évènement. La formation a donné tord à ceux qui étaient partis. Un show digne de leur réputation : toujours spectaculaire, au fil des ans, tant par leurs costumes, leur musique venue de temps immémoriaux, à la fois, guerriers, et épiques. Un véritable univers.
Sangdragon comme un Bourgogne vieillit bien, se bonifie avec le temps. Son secret ? Seul, Lord V. Akhenaton le détient (peut-être), leader incontestable, soutenu par des musiciens hors pairs.
L’âme artistique de Sangdragon semble immuable, éternelle. Un dragon de feu ?



Alain Forest An de grâce 2025, 31 mars
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